Lorsque le plan épargne logement atteint ou dépasse 10 ans, il sort de la simple logique “épargne logement” pour devenir un véritable sujet d’arbitrage patrimonial. À ce stade, les versements ne sont plus possibles, les droits à prêt sont figés et, selon la date d’ouverture, la fiscalité et le devenir du contrat changent. La question “PEL 10 ans que faire” ne se résume donc pas à “fermer ou garder”, mais à positionner ce produit dans une stratégie globale.
En 2025, les nouveaux PEL offrent un rendement brut d’environ 1,75 % seulement, avec une fiscalité sous prélèvement forfaitaire unique et de fortes contraintes de liquidité. Les PEL plus anciens, en particulier ceux ouverts avant 2011 ou avant 2018, obéissent à des règles différentes et peuvent conserver un taux bien supérieur aux placements sans risque récents.
L’analyse doit donc combiner trois dimensions : génération du PEL, fiscalité à court et moyen terme, et projets immobiliers éventuels.
Comprendre les règles du PEL
Rappels sur le fonctionnement et les plafonds
Un PEL est un produit réglementé avec une phase d’épargne d’au moins 4 ans. Tout retrait entraîne la clôture du plan, il n’existe pas de retrait partiel comme sur un livret.
Les principaux paramètres à garder en tête pour un PEL arrivé à 10 ans sont les suivants :
- Plafond de versements : 61 200 euros, hors intérêts.
- Versements obligatoires : au moins 540 euros par an (mensuels, trimestriels ou semestriels).
- Taux de rémunération : fixé une fois pour toutes à l’ouverture du plan, et maintenu pendant toute la vie du PEL, ce qui explique l’intérêt des “vieux PEL” ouverts à des périodes de taux plus élevés.
Fin des versements et maintien des intérêts
Le cap des 10 ans marque un tournant. À partir de cette date, il n’est plus possible d’effectuer de nouveaux versements sur le PEL. De plus, le plan continue à produire des intérêts au taux contractuel pendant une période supplémentaire qui dépend de la génération du PEL.
Pour les PEL ouverts après le 1er mars 2011, la règle est la suivante :
- La durée d’épargne est limitée contractuellement à 10 ans.
- Après ces 10 ans, le PEL continue de produire des intérêts pendant 5 ans au maximum.
- Au-delà, il est transformé en livret bancaire ordinaire.
Pour les PEL ouverts avant le 1er mars 2011, la logique est plus favorable :
- Plus aucun versement n’est possible après 10 ans.
- En revanche, le PEL peut continuer à produire des intérêts au taux contractuel sans limitation de durée, sans transformation automatique en livret.
Droits à prêt, prime d’État et transformation éventuelle en livret
Les droits à prêt sont accumulés pendant la phase d’épargne et dépendent des intérêts acquis. Le montant maximal du prêt épargne logement est de 92 000 euros, pour une durée de 2 à 15 ans.
À 10 ans, les droits à prêt sont figés : ils n’augmentent plus après l’échéance. Pour les PEL ouverts après le 1er mars 2011, le prêt doit être utilisé dans un délai maximal de 5 ans après l’échéance, au-delà duquel les droits sont perdus.
La prime d’État ne concerne plus les PEL ouverts depuis 2018. Pour les générations antérieures, elle reste possible sous conditions (montant de prêt, nature du projet, plafond de prime), mais tend à jouer un rôle plus marginal dans la décision.
Enfin, pour les PEL ouverts après 2011, la transformation automatique en livret intervient au plus tard 5 ans après l’échéance, soit en principe à 15 ans. Le taux n’est alors plus réglementé, mais librement fixé par la banque, généralement à un niveau proche d’un livret ordinaire. L'intérêt de garder ou non son PEL dépend donc grandement de sa date d'ouverture. Voici les caractéristiques principales des PEL en fonction de leur année de création :
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| Versements possibles après 10 ans | ❌ Non | ❌ Non | ❌ Non |
| Durée maximale avant transformation | Illimitée (pas de transformation automatique) | 15 ans (10 ans + 5 ans d’intérêts) | 15 ans (10 ans + 5 ans d’intérêts) |
| Production d’intérêts après 10 ans | ✔️ Oui, sans limite | ✔️ Oui, jusqu’à 5 ans supplémentaires | ✔️ Oui, jusqu’à 5 ans supplémentaires |
| Taux de rémunération | Fixe à l’ouverture, souvent élevé (2.50 % – 4.50 %) | Fixe à l’ouverture, moyen (2–2.50 %) | Fixe à l’ouverture, faible (1–1.75 %) |
| Fiscalité avant 12 ans | PS uniquement | PS uniquement | PFU 30 % (IR + PS) |
| Fiscalité après 12 ans | IR + PS | IR + PS | PFU 30 % |
| Droits à prêt | Figés à 10 ans, mobilisables sans délai maximal | Figés à 10 ans, utilisables dans les 5 ans | Figés à 10 ans, utilisables dans les 5 ans |
| Prime d’État | Oui, pour certains cas | Oui, selon conditions | ❌ Plus de prime |
| Transformation en livret bancaire | ❌ Jamais | ✔️ À 15 ans | ✔️ À 15 ans |
| Taux du livret après transformation | — | Fixé librement par la banque | Fixé librement par la banque |
Que faire de son PEL à 10 ans ?
Avant d’entrer dans le détail des options, il est utile de formaliser le diagnostic autour de trois questions :
- Le taux du PEL est-il supérieur, équivalent ou inférieur aux alternatives sans risque actuelles (livret A, LDDS, fonds en euros) ?
- La fiscalité actuelle et future (notamment le passage à l’imposition à l’impôt sur le revenu pour certains PEL après 12 ans) dégrade-t-elle fortement le rendement net ?
- Existe-t-il un projet immobilier dans les prochaines années, pour soi ou pour un proche, qui justifierait de conserver ou d’utiliser les droits à prêt ?
Ce diagnostic conditionne les réponses à la question “PEL 10 ans que faire” : garder, mobiliser le prêt, ou clôturer.
Que faire si l’on conserve le plan
Conserver un PEL de plus de 10 ans a du sens lorsque :
- Le taux brut du plan est significativement supérieur aux livrets réglementés et aux nouveaux PEL. En 2025, les nouveaux PEL affichent un taux brut d’environ 1,75 %, égal au livret A. Les PEL ouverts à des périodes plus anciennes peuvent dépasser nettement ce niveau.
- Le plan est ancien, ouvert avant 2011, et peut continuer à capitaliser au taux contractuel sans limitation de durée.
- Il n’existe pas de besoin important de liquidité à court terme.
Dans ce cas, le PEL devient une brique obligataire à capital garanti, utile comme socle de sécurité, notamment dans un patrimoine déjà exposé aux marchés financiers via un PEA ou des unités de compte d’assurance vie.
Deux points doivent toutefois être surveillés. D'abord la fiscalité : pour les PEL ouverts avant 2018, les intérêts peuvent, au-delà d’un certain âge du plan (notamment après 12 ans), devenir imposables à l’impôt sur le revenu en plus des prélèvements sociaux. Et ensuite le rendement net du PEL, si il passe durablement en dessous des alternatives sans risque (livret A, assurance vie en fonds euro), la conservation n’est plus forcément pertinente.
Que faire si l’on mobilise les droits à prêt
Mobiliser les droits à prêt peut être pertinent lorsqu’un projet immobilier se profile à court ou moyen terme : acquisition ou travaux sur la résidence principale, investissement locatif répondant aux critères de l’épargne logement.
Les éléments à analyser :
- Le montant de prêt accessible, dépendant des intérêts accumulés et donc de l’encours et de l’ancienneté du PEL.
- Le taux du prêt épargne logement, fixé à l’ouverture du plan. Pour certaines générations récentes, ce taux peut être en ligne, voire compétitif par rapport au marché. Pour d’autres, il peut être nettement supérieur aux taux proposés par les banques.
- Le délai de mobilisation : pour les PEL ouverts après 2011, le prêt doit être consenti au plus tard 5 ans après l’échéance, soit dans les 5 ans suivant la 10e année.
Une alternative consiste à céder les droits à prêt à un membre de la famille, lorsque la réglementation et la banque le permettent. Cette cession suppose généralement la clôture du PEL au moment de la mise en place du prêt, mais elle peut faciliter le financement d’un proche en améliorant ses conditions de crédit ou en renforçant son apport.
Dans tous les cas, la mobilisation des droits à prêt doit être comparée à un crédit immobilier classique du marché, en tenant compte du taux, des frais et de la durée envisagée.
Que faire si l’on clôture le plan
Clôturer un PEL de plus de 10 ans signifie renoncer définitivement aux droits à prêt et, le cas échéant, à la prime d’État. En contrepartie, cette décision libère immédiatement du capital, ce qui peut être pertinent dans plusieurs situations. La clôture s’envisage notamment lorsque le PEL est récent, faiblement rémunéré et offre un taux proche — voire inférieur — à celui du Livret A ou des fonds en euros. Elle devient également logique en l’absence de projet immobilier à court ou moyen terme, puisque les droits à prêt perdent alors toute utilité. Enfin, pour certains millésimes, la fiscalité qui s’alourdit après 12 ans peut réduire fortement le rendement net et rendre la conservation du plan moins attractive.
Une fois le PEL clôturé, les sommes récupérées peuvent être réorientées vers des placements plus adaptés aux objectifs du moment. L’assurance vie constitue souvent une destination naturelle, grâce à sa fiscalité avantageuse après huit ans et à la possibilité de combiner fonds en euros et unités de compte. Selon le profil de risque, le capital peut également être redéployé vers un PEA pour construire progressivement une poche actions de long terme. Enfin, les épargnants qui souhaitent renforcer leur réserve de sécurité peuvent privilégier les livrets réglementés, immédiatement disponibles et totalement liquides.
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Que faire de son PEL de plus de 10 ans ?
Optimiser les versements avant les 10 ans
Pour les PEL encore en phase d’alimentation, la stratégie peut consister à utiliser pleinement les 10 premières années pour approcher le plafond de 61 200 euros lorsque le taux contractuel est attractif. À minima il est nécessaire de respecter strictement les 540 euros de versements minimum par an pour éviter la clôture anticipée.
À l’approche de la 10e année, la question n’est pas “PEL 10 ans que faire demain”, mais comment optimiser les derniers versements pour figer un encours intéressant à taux garanti pour les années suivantes.
Organiser la transition progressive vers l’assurance vie
Lorsque le PEL a 10 ans ou plus et que son taux n’est plus très compétitif, une transition graduelle peut être envisagée :
- Ouvrir suffisamment tôt un contrat d’assurance vie de qualité, pour faire démarrer le compteur des 8 ans de détention.
- Clôturer le PEL au moment opportun (par exemple avant une bascule fiscale défavorable), puis transférer le capital vers l’assurance vie, en répartissant entre fonds en euros et unités de compte selon le profil de risque.
Cette approche permet de conserver une poche sécurisée tout en améliorant le potentiel de rendement global.
Céder les droits à prêt au sein de la famille
Pour certains PEL, notamment ceux avec des droits à prêt significatifs mais sans projet immobilier personnel, la cession des droits peut créer de la valeur au sein de la famille. Un enfant ou un proche qui achète sa résidence principale peut bénéficier de meilleures conditions grâce aux droits cédés. La clôture du PEL est alors intégrée dans une stratégie familiale plus large : utilisation des droits, récupération du capital, réallocation éventuelle vers d’autres placements.
Cette stratégie suppose de bien maîtriser les conditions de cession propres à l’établissement bancaire et les délais de mise en œuvre.
Que faire quand son PEL a 15 ans ?
Comprendre la différence entre PEL ouvert avant ou après 2011
À 15 ans, la question change de nature. Il faut distinguer deux cas :
- PEL ouvert après le 1er mars 2011 : la transformation automatique en livret bancaire intervient au plus tard 5 ans après l’échéance, soit en général à 15 ans. Les droits à prêt sont alors perdus.
- PEL ouvert avant le 1er mars 2011 : le plan peut continuer au taux contractuel, même au-delà de 15 ans, sans transformation automatique.
Dans le premier cas, la question “que faire quand son PEL a 15 ans” revient à arbitrer entre conserver un livret bancaire au taux fixé par la banque ou réallouer les fonds. Dans le second, il s’agit de mesurer l’intérêt de conserver un produit devenu rare, souvent très bien rémunéré, face aux alternatives.
Transformation en livret et perte des droits à prêt
Pour les PEL postérieurs à 2011, la transformation en livret a plusieurs conséquences :
- Le taux n’est plus réglementé et peut être inférieur au taux initial du PEL.
- Les droits à prêt, non utilisés dans le délai légal, sont définitivement perdus.
- Le produit se rapproche d’un livret bancaire classique, sans les spécificités de l’épargne logement.
Dans ce contexte, conserver le livret issu du PEL n’a de sens que si le taux proposé reste compétitif et que le besoin de liquidité immédiate est limité. À défaut, une clôture suivie d’un redéploiement vers des supports plus adaptés est souvent justifiée.
Arbitrer entre conservation, transfert et réallocation du capital
Pour un PEL ancien pré-2011, à taux élevé et sans transformation automatique, la conservation est souvent naturelle. En revanche, pour un PEL de 15 ans transformé ou en passe de l’être, l’arbitrage doit répondre à plusieurs questions :
- Le taux net (après prélèvements sociaux et éventuel impôt sur le revenu) reste-t-il supérieur aux livrets réglementés et à certains fonds en euros de qualité
- La liquidité est-elle aujourd’hui plus importante que le maintien d’un rendement modéré, mais garanti
- La réallocation partielle vers des enveloppes comme l’assurance vie ou le PEA permet-elle d’améliorer le couple rendement risque sur la durée
En pratique, l’arbitrage à 15 ans vient clore une séquence : le PEL a joué son rôle de support à taux fixe pendant de longues années. La décision finale doit s’inscrire dans une stratégie patrimoniale cohérente, plutôt que se limiter à l’analyse isolée du produit.
En synthèse, répondre à la question “PEL 10 ans que faire” suppose de croiser la génération du plan, la comparaison de rendement net avec les autres poches sans risque, l’existence de projets immobiliers dans les prochaines années et l’architecture globale du patrimoine. La même logique vaut à 15 ans, avec en plus l’enjeu de la transformation en livret ou de la conservation d’un PEL ancien à taux très favorable.
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| Rendement brut | de 1.75 % à 3-4 % | 1.7 % | 1.7 % | 1.5 % à 3.5 % selon assureurs |
| Fiscalité | PFU 30 % (ou IR + PS pour anciens) | Exonéré | Exonéré | Après 8 ans : fiscalité avantageuse (abattement) |
| Liquidité | Faible (pas de retrait partiel, clôture obligatoire) | Très élevée (retraits libres) | Très élevée | Liquidité moyenne (délai de rachat) |
| Points forts | Taux garanti, droits à prêt, stabilité | Sécurité, liquidité totale, non imposable | Sécurité, liquidité totale, non imposable | Capital garanti, rendement stable, défiscalisation |
| Limites | Manque de liquidité, fiscalité après 12 ans | Plafond de 22 950 €, rendement parfois inférieur à l’inflation | Plafond de 12 000 €, rendement parfois inférieur à l’inflation | Plus-value imposable, frais de gestion |
FAQs
Mon PEL a plus de 10 ans, que faire en priorité
La première étape consiste à vérifier le taux de votre PEL, sa date d’ouverture et la fiscalité applicable. Si le taux est nettement supérieur aux livrets actuels et que le plan est ancien, la conservation peut rester intéressante. Si le taux est faible et qu’aucun projet immobilier n’est prévu, la clôture et la réallocation du capital vers des supports plus adaptés peuvent être envisagées.
Que se passe-t-il sur un PEL après 10 ans
Passé 10 ans, il n’est plus possible d’effectuer de versements sur le PEL. Le plan continue néanmoins à produire des intérêts au taux fixé à l’ouverture pendant une période supplémentaire, et les droits à prêt sont figés. Pour les PEL ouverts après 2011, le prêt doit être utilisé dans les 5 ans suivant l’échéance, sinon les droits sont perdus.
Peut-on encore obtenir un prêt avec un PEL de plus de 10 ans
Oui, à condition de respecter les délais. Pour les PEL ouverts après 2011, le prêt épargne logement doit être consenti dans les 5 ans suivant l’échéance. Le montant du prêt dépend des intérêts accumulés et le taux est celui fixé à l’ouverture du plan. Il convient de comparer ce taux aux crédits immobiliers du marché avant de prendre une décision.
Que faire quand son PEL a 15 ans
Pour les PEL ouverts après le 1er mars 2011, le plan est en général transformé en livret bancaire au bout de 15 ans et les droits à prêt sont perdus. Il faut alors comparer le taux proposé par la banque avec les livrets réglementés et les fonds en euros. Si le rendement est faible, une clôture et un redéploiement du capital peuvent être pertinents.
Faut-il clôturer un vieux PEL très bien rémunéré
Les PEL anciens, notamment ceux ouverts avant 2011, bénéficient souvent d’un taux garanti très supérieur aux placements sans risque récents et peuvent continuer à produire des intérêts au taux contractuel au-delà de 15 ans. Dans ce cas, la clôture n’est généralement pertinente que si le besoin de liquidité est important ou si la fiscalité future réduit fortement le rendement net par rapport aux alternatives.